La compassion : la voie du pardon et de l’ouverture aux autres
La compassion est au cœur de toutes les religions et philosophies de ce monde. Pourtant, elle est parfois mal comprise. Que ce soit dans la culture humaniste, dans le christianisme ou le judaïsme, dans la religion musulmane, il est toujours question de compassion, même si les mots changent parfois et si l’on rencontre des termes comme pitié, compréhension, toutes ayant un rapport avec la reconnaissance d’autrui. C’est sans doute, dans le bouddhisme, que l’on peut trouver le mot compassion dans son sens le plus précis.
La compassion : tout ce que l’on peut en dire
La compassion est définie différemment d’un dictionnaire à l’autre. Il est, en effet, difficile de l’exprimer avec des mots. Cependant, nous retiendrons la définition de Wikipedia qui est assez complète et qui énonce que « La compassion est une prédisposition à la perception et la reconnaissance d’autrui, entraînant une réaction de solidarité active ou seulement émotionnelle ».
La compassion n’est pas l’apanage des saints. Il ne faut pas comprendre le terme « prédisposition » comme le fait que certains ont, par nature, de la compassion et d’autres n’en ont pas. La prédisposition dont il s’agit est plus du domaine de l’intention et de l’ouverture à l’autre.
De plus, la compassion n’a rien à voir avec l’apitoiement stérile car avoir pitié de quelqu’un, pour beaucoup, consiste à se sentir séparé de l’autre par rapport à ce qu’il vit et, de ce fait, à en éprouver une certaine supériorité.
La compassion est une qualité du cœur qui s’adresse à tout le monde
Lorsque l’on dit tout le monde, ce n’est pas tout à fait le terme approprié. Nous devrions dire que la compassion s’attache à tous les êtres vivants : être humains, animaux et végétaux.
Par exemple, celui qui n’a pas de compassion envers la nature et la végétation ne comprendra pas pourquoi le fait de jeter des détritus en pleine forêt est dommageable et si on le lui explique, il n’aura pas l’impression d’avoir quelque chose à faire avec son environnement.
Il en va de même avec tous les animaux et venir en aide à un animal abandonné, le recueillir, le soigner et le nourrir, est un bel exemple de compassion.
La compassion lorsqu’elle touche les êtres humains va impliquer d’autres qualités. Notamment, elle permet de traiter les autres comme l’on voudrait être traité.
Les qualités que l’on peut considérer comme sous-jacentes à la compassion
La compassion est un mouvement empathique vers l’autre. C’est un mouvement du cœur et non une intellectualisation. La compassion est un élan généreux, qui n’attend rien en retour.
Prenons l’exemple d’une relation amicale. Votre ami est de plus en plus étrange et agressif ces temps-ci et vous avez du mal à garder votre calme. Vous sentez que vous vous éloignez de plus en plus de lui car son attitude vous semble inacceptable.
Voici une scène classique. Beaucoup vont choisir de plier bagages et de se trouver d’autres amis moins rabat-joie. C’est l’attitude commune mais, si l’on y réfléchit est-ce que ce n’est pas égoïste ? Fuir pour retrouver le calme pour soi tandis que l’autre, sous ses dehors grognons a peut-être quelque chose qui ne va pas, n’est-ce pas lui infliger une solitude difficile à supporter ? L’être de compassion saura comprendre les causes profondes de l’attitude d’autrui. Il ne jugera pas son attitude sur l’instant mais essaiera de faire preuve de compréhension afin, s’il le peut d’ouvrir le dialogue et d’aider l’autre.
Il en va dans les relations de proximité comme dans les relations mondiales. Bien souvent, nous ne pardonnons tout simplement pas aux autres de ne pas être comme nous. Nous ne leur pardonnons pas de ne pas penser comme nous, de ne pas avoir la même culture que nous, la même couleur de peau, les mêmes centres d’intérêt, la même religion, etc.
La compassion est un élan du cœur qui perce le mur de l’Ego. Car l’Ego dit : moi, moi, moi, mon pays, ma famille, ma religion, mes us et coutumes, mon bon droit et surtout ma loi. L’ego veut avoir le dernier mot et nous fait croire que nous sommes dans notre bon droit et avons raison : jugements, dénégations, rejets et jusqu’à la haine viennent de notre non-acceptation des différences.
Grâce à la compassion, il est possible de travailler en sorte que l’on écoute davantage l’autre au lieu de parler de nous sans arrêt, qu’il soit possible de discuter sur des sujets et avoir des avis différents sans en faire un problème, de comprendre aussi ce qui se cache derrière les mots et qui peut être souffrance, peine, passé douloureux dont l’autre garde une trace indélébile et qui l’oblige à adopter une carapace et un masque d’agressivité pour se protéger.
Pour poursuivre votre réflexion sur la compassion…
Voici une citation de Henry W. Longfellow qui semble assez bien résumer notre propos :
« Si nous pouvions lire l'histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chaque homme un chagrin et une souffrance suffisants pour désarmer toute hostilité. »
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